mercredi 20 février 2013

Au rayon déshumanisé - 1ere partie

En ce mercredi, allons faire quelques courses, soyons dans l'air du temps, filons dans un monde déshumanisé, un monde sans communication, un monde où l'on traite les autres humains au mieux comme des porte-monnaie ambulants au pire comme des cafards (là, je vous laisse choisir le terme. J'ai personnellement choisi le cafard, puisqu'il est à mon sens l'animal le plus dégoutant, infect et infâme dans la chaîne animale, cela cadre donc bien, mais si vous lui préférez le rat, l'araignée poilue ou la mouche à m...., faites comme chez vous).

Maintenant, 3... 2... 1... testons 2 rayons déshumanisés (parmi tant d'autres) :

Le rayon déshumanisé de chez Monoprix (Gobelins, Paris 5eme. Oui, je n'ai pas peur de la diffamation puisque tout ce que je relate est vraiment arrivé et que ce ne serait pas juste de dire que tous les Monoprix sont ainsi).
Celui-là est un rayon spécialement conçu pour les femmes enceintes. Si vous avez le ventre bien rond et que vous trouvez qu'il serait bienvenu qu'il tâte  du mur du rayon lingeries, un conseil, n'hésitez pas. Le personnel, sous des allures blondes peroxydées, saura vous accueillir dignement. En effet, c'est presque gratuit, je dis bien presque, puisque tout de même Monoprix n'est pas une association à but non lucratif. Lorsque la jeune midinette d'une cinquantaine d'année vous aura fortement bousculée, parce qu'elle flirtouille avec l'agent de sécurité, et que vous vous retrouverez le ventre au milieu d'une rangée de tangas et le nez en plein dans les soutifs, vous attendrez un petit mot d'excuse mais que nenni, ne l'oubliez pas, vous êtes le client, c'est à vous de payer, il serait donc de bon aloi que ce soit vous qui présentiez des excuses. La p'tite dame l'exprime clairement "Vous auriez pu vous pousser quand même, je ne vous avais pas vu !", "Oui, maît'esse, pa'don, pa'don, je c'oyais qu'avec mon gwos bidon de 8 mois, vous alliez me voi'". Bien évidemment, j'ai dit poliment ma façon de penser à cette dame, mais tout de même, on aurait pu attendre un peu de solidarité féminine, un peu plus d'humanité et de délicatesse.
Heureusement, pour me rassurer, dans ces univers où l'inhumanité se développe pour faire place à l'unique consommation, au manque de considération et d'éducation, pousse toujours une petite fleur de douceur. Dans ce Monoprix, je ne connais pas le nom de cette jeune fille, qui est malentendante, mais elle a toujours un sourire lumineux pour vous et vous souhaite simplement une bonne journée avec sincérité. Ouf ! On aurait presque pu croire que les malappris avaient gagné...

Le rayon déshumanisé de chez Conforama (Vitry sur Seine et même combat que pour le Monoprix)
Bienvenue chers amis dans le rayon spécial attente désagréable. Vous cherchez une information, sur un appareil photo, par exemple, vous ne trouvez pas le vendeur, mais vous voyez un vendeur au rayon télévision juste à côté, réponse sèche et ferme "ah mais Madame, c'est au vendeur du rayon qu'il faut demander !". Vous avez l'impression forte d'être une crétine, peut-être est-ce le ton sur lequel il vous l'a asséné (qui sait ?), de toute façon la conversation est close puisqu'il est retourné à son ordinateur sans même un au revoir. Non mais je comprends, ce n'est pas comme si nous étions un samedi après-midi à 16h30 pendant les soldes et que ça pullulait de client... Ah excusez-moi, on me dit dans l'oreillette que si, c'était ce type de samedi ! Vous errez sans but en attendant le vendeur, 5 minutes s'écoulent (c'est la relativité du temps, 5 minutes sont courtes quand il s'agit de les grappiller en temps de sommeil le matin mais bien longues quand vous attendez sans rien faire, avec un enfant de 4 ans pour corser la chose). Vous vous dirigez vers les vendeurs du rayon canapé qui ont l'air de bien se marrer en tapant le bout de gras entre un canapé en simili cuir et un fauteuil en tissu bleu canard. "- Bonjour, je suis à la recherche du vendeur du rayon photo ?  - Ah ?! (sentez vous comme je ne suis qu'une vile punaise de ne pas vouloir investir dans un clic clac ?), il était là il y a une minute, il devrait revenir !". Bien sûr, j'ai voulu ajouter "comment ça devrait, il n'y a pas de certitude ?" mais les 2 vendeurs faisaient à nouveau bloc, se racontant certainement des blagues de vendeurs de canapé. Nous sommes donc retournés, Wan et moi, errer comme des âmes en peine dans notre rayon. Et puis, et puis, nous avons entendu dire que le vendeur était celui qui remplissait un formulaire au rayon table juste à côté. Nous avions comme un doute, mais le desespéré n'a plus rien à perdre. "- Vous n'êtes pas le vendeur du rayon photo par hasard ? - Non, Madame, sinon, je me serais occupé de vous, quand même !". Là, il y a légère explosion du modèle Fola 2013 parce que tout de même, 5 vendeurs désagréables sur 5, ça fait un fameux grand chelem. Et enfin, le vendeur est arrivé, il nous a délivré l'information assez agréablement et nous sommes partis gaiement (ou pas) vers le service retrait des achats.
Nous sommes arrivés et nous avons vu des dizaines de personnes qui attendaient assises sur des chaises en métal ou encore debout près d'un grand comptoir. Nous avons vu deux guichets "Retrait des achats sans rendez-vous" et "Retrait des achats avec rendez-vous". J'ai demandé timidement à une autre cliente l'endroit où je devais me présenter, le "Retrait des achats sans rendez-vous". Derrière une grande baie vitrée en plastique, j'ai dit un "Bonjour" sonore en glissant ma facture à une demoiselle. La vitre en plastique devait être encore plus épaisse que je ne l'avais prévu, elle ne m'a rien répondu. Elle a regardé la facture dédaigneusement, j'ai pensé "mince, je me suis trompée d'endroit", j'ai donc dit "Je ne suis pas au bon endroit peut-être ?". Réponse "Si", et puis elle est partie avec ma facture pianoter sur un ordinateur qui se trouvait plus loin. J'étais tout de même rassurée, j'avais pensé un instant qu'elle était muette et ne m'étant toujours pas décider à apprendre à signer, je me demandais le mode de communication que nous allions devoir employer. La jeune dame est revenue et m'a rendu ma facture. Je l'ai regardée interloquée, j'ai senti une pointe d'agacement, lorsqu'elle m'a dit "C'est bon !". J'ai pensé "Comment ça, c'est bon ? Je n'ai pas mon reflex entre les mains moi ?" et j'ai dit : "Euh ? Qu'est-ce que je suis censée faire ???"", "Vous vous asseyez on va vous appeler". Mais oui, suis-je bête, c'était tout de même évident, quand on vous tend une facture, cela veut toujours dire "asseyez-vous, on va vous appeler !". Nous nous sommes donc assis, j'ai dégainé mon arme magique, j'ai nommé le goûter et nous avons attendu. Plus exactement, Wan a goûté et moi, j'ai regardé la déshumanisation en action. Et le pire, je dois l'avouer, c'est que c'est fascinant. Derrière les comptoirs, on devine un grand entrepôt, des jeunes hommes y filent et en reviennent avec des grands chariots chargés de produits. Là, ils égrainent une liste de noms. Je dois dire que ça a été mon moment préféré. Les dizaines de personnes qui attendaient leurs articles bruissaient dès qu'un jeune homme apparaissait, ensuite, venait le moment de la cavalcade, celui qui entendait son nom, s'ébrouait comme se réveillant et se dirigeait le plus rapidement possible vers le comptoir. Il y a même eu une dame qui lorsqu'elle a entendu son nom a bondi de sa chaise est passé en nous bousculant et a couru frénétiquement à la recherche du jeune homme qui l'appelait. J'ai regretté à ce moment-là de n'avoir jamais montré ou lu à Wan Alice aux pays des merveilles car je ne pouvais partager avec lui mon inextinguible envie de rire en comparant cette dame au fameux lapin blanc "en retard, en retard, en retard". Et puis, on m'a appelée, j'ai senti des regards lourds parce que je prenais mon temps avec le loulou, le jeune homme m'a même appelée deux fois ! Murmure dans la salle (j'exagère à peine), mais que pouvait-il m'arriver, que le jeune homme s'enfuit en courant avec mon appareil photo ? Au bout de cette chaine, le jeune homme en question se permet même une petite blagounette. Ouf ! Il reste encore 2 humains au Conforama de Vitry : la petite hôtesse d'accueil qui était très aimable et ce jeune homme bien rigolo qui sait faire des phrases complètes, du genre, sujet-verbe-compléments, et les dire sympathiquement !

Il y a donc toujours un petit rayon d'humanité dans nos magasins, mais tout de même parfois je me dis "jusqu'à quand ? Et est-ce que je verrais la différence si on remplaçait ces humains déshumanisés par des robots ?". J'ai moi-même été vendeuse, je sais comme certains jours, il est difficile de garder le sourire, la patience, l'amabilité, voire les 3 en même temps, parce qu'on a ses propres problèmes, parce que la journée est longue, parce que les clients ne sont pas toujours transcendants (pour ne pas dire autre chose). Cependant, l'intérêt des métiers de contact reste l'échange avec d'autres êtres humains, en les traitant tous comme des numéros, on s'auto-punit, on se rend le métier encore plus difficile, en un mot comme en cent, on lui enlève tout attrait. Nous vivons dans une drôle de société et sans être une hippie en mal d'affection, je rêverais parfois d'un tout petit peu plus de chaleur, de savoir-vivre et de rapports humains.

C'était la pensée du mercredi...
Et toi, la déshumanisation grimpante, tu en penses quelque chose ?
Bons achats à tous et à très vite ! 

Ndlf : le premier a épisode a eu lieu alors que j'attendais Wan, je vous rassure vous le sauriez si j'étais enceinte de 8 mois. 

2 commentaires:

  1. C'est pour ça que j'ai horreur des magasins ! les gens sont cons et égoïstes, j'espère juste qu'ils ne se comportent pas comme ça avec leur entourage :-/

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    1. Société d'individualistes quand tu nous tiens ! Oui, faudrait voir comment sont ces personnes avec celles qu'elles aiment.

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N'oubliez pas de signer, si vous postez en anonyme

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