mardi 7 février 2012

le "Jépelle"

As-tu remarqué (on se tutoie, hein, maintenant) ce drôle de langage qui a cours chez beaucoup de parents d'enfants de 2/3 ans  ? Ce langage développé depuis des dizaines d'années, connu sous le nom de "dialecte Jépelle", est communément employé par le parent qui veut dire un bon gros mot de derrière les fagots, mais qui ne veut pas que la bouche "innocente" de sa descendance le répète (ce qui ne manquerait pas d'arriver et ce forcément devant la voisine psychorigide de la politesse ou le petit papy qui de son temps ne connaissait que des enfants bien élevés) ou qui veut aborder un sujet sans être compris par ses enfants.

Mince ! Tu ne sais pas encore parler le "Jépelle" ? Et bien, ça tombe bien, j'suis là pour rendre service, je vais te donner les bases. Voici donc les quelques règles grammaticales, orthographiques et syntaxiques à suivre. 
Premièrement, évidemment, on épelle les gros mots, par exemple, si on reste dans un thème d'actualité on peut dire "Rhôôôôôô mais quel temps de Eme-euh-air-dé-euh". Et surtout, on n'hésite pas, même s'il y en a beaucoup, ça serait tout de même dommage de perdre le bénéfice de ce dialecte en n'épelant qu'un mot sur trois. Oui, oui, on dit bien "Pé-hue-té-ah-hi-ène de Bé-eau-ère-déè-euh-èle de Eme-euh-air-dé-euh, mais regarde moi, ce gros Cé-eau-ène-ène-ah-ère-dé". Bon évidemment, tous les parents qui parlent le "Jépelle", te diront que le truc, c'est de réduire ta prodution gros-motesque à son plus simple appareil, ce qui veut dire réduire le nombre de gros mots par phrase mais aussi savoir choisir ses gros mots. En effet, il est toujours plus facile, rapide et compréhensible d'épeler un bon "Cé-eau-ène" qu'un long et compliqué "Esse-ah-èle-eau-pé-ah-ère-dé".Et s'il est vraiment impossible de réduire la production, le cas échéant tu abandonneras le "Jépelle" pour opter pour le dialecte dit "transpositionnel" (oui, oui, tous ces termes sont de moi, c'est fou ce qui se passe dans ma tête parfois), cela donnera donc si nous reprenons l'un de nos précédents exemples "Purée de bazar de mer-credi, mais regarde moi ce gros malotru !"
Deuxièmement, on épelle les quelques petites choses qui peuvent créer l'hystérie totale rien qu'en les prononçant. Là ça dépend du modèle reçu à la maternité. Nous, nous avons écopé du modèle bouffe-tout, donc forcément, on a dû se mettre à épeler "Eme-ah-cé-dé-eau" ou encore "Ku-hue-hi-cé-ache-euh" (oui, tu as bien compris, mes enfants sont des addicts de la quiche ne cherche pas) ; mais tu peux avoir le modèle, joueuse-capricieuse, dans ce cas là, on t'entendra dire "Cache la Pé-eau-hue-pé-hé-euh sinon on ne partira jamais" ; ou le modèle craspouille "dans 5 minutes, on l'emmène sans crier gare au Bé-ah-hi-ène !".
Troisièmement, quand on se sent un peu langue de Pé-hue-té-euh, on n'hésite pas à épeler le nom des personnes qui risquent de prendre chères car les jolies petites oreilles sont de parfaits réceptacles qui savent toujours ressortir les petites phrases assassines au "bon" moment. Dans ces cas-là, on préfèrera un "Eme-ah-ère-hi-euh", un "Ji-euh-ah-ène" ou encore un "Vé-eau-hi-esse-hi-ène".
Dernièrement, par souci de gain de temps, on s'octroie de manière ponctuelle, le droit d'épeler en langage sms "t'as mis où les Ka-dé-eau de Noël ?" ou si l'interlocuteur nous connait bien, il est possible de n'épeler que le début du mot, il se débrouillera pour trouver la fin, ça fait du bien à la tonicité de son cerveau et ça l'entraine pour Motus, qui sait ça peut toujours servir ! Chez nous, on a régulièrement parlé du "Ene-eau-hue-ène... ou du Pé-hi-ène" pour le Nounours ou le Pinpin. 
Bien entendu, tout cela peut se cumuler très facilement, il suffit ensuite de maîtriser la langue ! Avec sa meilleure amie, on ne se gênera pas pour dire "Nan, mais franchement, t'as vu Ene-ah-té-ah-elle-hi-euh, sa jupe, elle faisait un peu Pé-hue-té-euh, nan ?", à son mari "j'suis éclatée, prends la té-oh-té-euh discrètement, au cas où, on file au ème-ah-cé-dé-eau" ou encore "Nan, mais je te jure, j'ai pris sur moi, parce que j'avais envie de lui dire ma façon de penser à sa Eme-ah-hi-té-ère-euh-esse-esse-euh !".

Malheureusement, le "Jépelle" à ses limites. Certains mots ne marchent pas comme nous en avons fait l'expérience "Ene-eau-euh-èle" a été grillé par Wan et quand j'ai voulu retracer un événement de la journée sans en remettre une couche, ça n'a pas marché non plus, il a bien compris que je parlais au T'chéri du moment où il avait "té-ah-pé-hé" P'tit Deuz. Et puis, il y a l'exemple d'une amie, dont le fils avait fini par comprendre à quoi se rapportait le "Eme-ah-cé-dé-eau", effet de surprise tombé à l'eau. Quant à moi, je suis passé au transpositionnel "merrrrrr-credi" depuis que Wan m'a dit après que je me sois énervée à cause d'une prise téléphonique défectueuse "mais Maman, c'est quoi une prise de Eme-euh-ère-dé-euh ?", réponse "Euh... Rien mon chéri, c'est un nom technique mais on va éviter d'en reparler, hein ?!". Sans compter, qu'un jour, ces enfants sauront lire et là ça sera vraiment le début de la fin...

Bon papotage et à très vite !

7 commentaires:

  1. Ici on parle franglais, parce que notre "grand" sait lire maintenant, donc dans le doute......^^

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    1. Ah oui tiens ! Le franglais, je vais me remettre dans mon anglais pour pouvoir y recourir le cas échéant !

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  2. On se fera un restaurant américain que nos enfants adorent un samedi après-midi!
    Bisous
    O.

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  3. Profite en tant qu'ils ne savent pas lire lollll
    Bé-ah

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    1. Oui parce qu'après à nous les "zut", les "crotte", les "flûte alors" !!! Bé-ah, comme bonne action, c'est ça ?! Ca te va comme un gant !

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