samedi 19 mai 2012

Maniac

Un beau jour, on rencontre un T'chéri, on se rend tranquillement compte qu'on ferait bien un petit, voire un grand, bout de chemin avec lui. On se dit qu'on pourrait passer un petit morceau de vie  avec lui, et même tant qu'on y est tout le reste. On emménage alors ensemble dans un petit nid douillet, un petit coin de paradis doux et chaud décoré avec amour, on se découvre au rythme des chabada, chabada, nos coeurs qui chabada, chabada bada... On vogue sur un océan d'amour sur lequel des baleines et des dauphins nous arrosent de pétales de roses au son du doux clapotis des vagues de l'amou-ou-ou-ou-our... Aïeuh ! Hein ? Que, quoi ? Mais arrêtez de me secouez ? Ah ?! Je dormais ? Ouaip, alors dans la vraie vie, on se lance dans la folle aventure  de la vie de couple, à la recherche de l'équilibre parfait entre routine rassurante et surprise surprenante (oui, je sais, j'ai toujours eu le sens du qualificatif percutant). On s'habitue aux petites manies de l'autre, on se débrouille pour lui en faire perdre certaines qui, décidément, sont insoutenables. On joue ce numéro d'équilibriste avec une dextérité qui nous rend fière (bah ! oui ! Y a pas de mal à se faire du bien). On a l'égo tellement au taquet que sur notre filin, on se rajoute des difficultés, des difficultés du genre nuit trop courte/régurgitations/crise du terrible two etc., en se disant qu'on les passera finger in the nose, égale à nous-mêmes en somme. Oui mais nan en fait ! Moi, je dis, j'ai signé (oui, oui, j'ai signé devant m'sieur le maire et m'sieur le curé) pour supporter les manies agaçantes d'un homme mais personne ne m'avait prévenue que je me retrouverais bientôt à supporter les manies de 3 hommes (ça se multiplie comme les petits pains ces bêtes là) !!! Oui, bel et bien 3 ! Parce que moi, lecteur-trice, je te rappelle que j'ai 3 hommes à la maison (autant dire que la bataille est rude quand on est en infériorité numérique). Un spécimen, c'est facile, deux c'est gérable mais 3 ça relève un peu de la prouesse féminine.
Alors, oui, bien entendu je suis un peu fière de leur tenir la dragées hautes, cependant, je râle. Et si je râle, c'est que chacun a ses petites manies, ses petits travers personnels, une sorte de complémentarité parfaite dans la mauvaise manie.
Chacun ses manies, m'enfin elle, elle n'a qu'à gérer les manies de son chien et elle ne connaît pas sa chance.

1) Comment j'ai épousé l'homme parfait mais non pas enfanté l'être parfait.
Eh oui ! Mesdames, le T'chéri est l'homme qui a toujours, mais alors toujours, rabattu la lunette des toilettes (oui, tu es jalouse, je sais. Je suis belle, intelligente, fichtrement drôle et en plus mon mec rabat la lunette des toilettes, on ne part pas toutes égales dans la vie, faut se faire une raison). Question ! Pourquoi donc son rejeton premier né n'a-t-il pas assimilé génétiquement cette habitude ? J'entends murmurer que ce n'est pas compliqué pour moi de la rabattre. C'est vrai. Je me dois cependant de répondre. Que celle qui ne s'est jamais assise à même la cuvette une nuit de somnolence aiguë me jette le premier rouleau de papier toilettes. Les autres, qui se souviennent encore avec une certaine émotion du contact froid (humide dans le pire des cas) en haut de leurs cuisses encore endormies, savent à quel point cette mauvaise habitude masculine manque foncièrement de savoir-vivre et d'élégance.


2) Comment finalement j'ai enfanté l'être parfait et non pas épousé l'homme parfait.
Le T'chéri, qui ne cessait de me reprocher, il y a quelques années de cela, mes chaussures trainant dans l'entrée a finalement eu gain de cause. J'ai appris à ranger mes chaussures dans leur placard. Sa victoire a été éclatante puisque j'ai même appris à mes 2 fils à ranger leurs chaussures dans le dit placard (enfin à les y enfourner, faut pas pousser quand même). Allez savoir, cette victoire a sans doute été trop éclatante , peut-être parfois faut-il savoir continuer la lutte, que sais-je ? Toujours est-il qu'à présent, le T'chéri laisse trainer ses chaussures dans l'entrée ! Et même dans le salon ou dans la chambre ! Ô formidable paradoxe de la vie de couple ! Mais voilà qu'entre en scène le P'tit Deuz qui, lui, n'en a cure. Lui a clairement assimilé génétiquement les désirs premiers de son Papa puisque inexorablement, incessamment, sempiternellement, il ramène ses chaussures à son papa pour qu'il les range. Et ceci en toute circonstance, quand le T'chéri fait sa sieste sur le canapé, pouf une redskin marron sur le coin du nez ; quand le T'chéri déjeune (en décalé rapport à son travail), pouf une repetto sur les genoux (j'attends impatiemment le jour où elle finira dans l'assiette). Bien sûr, là où cela m'amuse moins, c'est quand T'chéri absent, Deuz colle les converse encore sableuses sur l'accoudoir du canapé, qui a beau être couleur sable en reste marqué (équation bizarre sable + sable = tâche), ou dernièrement quand las de la mauvaise manie de son papa, il a mis en œuvre l'un de mes profonds fantasmes (je rappelle que le fantasme se doit de ne pas se réaliser, c'est ce qu'il y a de bon dans le principe) et à balancer l'un des godillots du pater familias dans la poubelle. La lutte est donc acharnée entre le modèle masculin qui prône la liberté de la chaussure et le modèle masculin favorisant l'évolution de celle-ci en milieu surveillé.


3) Comment j'ai épousé l'homme parfait et enfanté un être sur deux de parfait (mais avec de l'éducation, le deuxième atteindra également la perfection. Le temps et ma détermination jouent pour moi, j'en reste persuadée. Méthode coué de Maman).
Vois-tu, lecteur-trice, j'aime à penser que je suis partageuse, que j'ai souvent, parfois, à quelques occasions (rayez la mention inutile) une âme généreuse. Cependant, il y a tout de même des choses sacrées que je ne prête pas, que je ne partage pas : ma brosse à dent of course, le T'chéri évidemment, mais surtout, surtout, presque plus important que les 2 premiers (c'est le T'chéri qui va être content de lire ça), mon assiette. Oui, oui, tu lis bien, toi derrière ton écran, mon assiette. Je sais bien que c'est un choc pour toi, une révélation, mais il va falloir vivre avec ce dur constat, la Fola n'est pas totalement parfaite et peut se transformer en érinye si tu as le malheur de venir picorer dans son assiette. C'est un fait, j'ai un instinct de propriété très développé quand il s'agit de mon assiette. Évidemment, si on me le demande, gentiment c'est encore mieux, je peux donner de moi-même une partie de mon plat. En revanche, hors de question de venir piocher sans crier gare dans mon assiette, cela m'escagace au plus haut point. T'chéri l'a très vite compris et ne s'essaie jamais à cet exercice périlleux, Wan ne l'a jamais fait, sûrement un instinct de survie très développé chez lui, mais pour Deuz, il en va tout autrement. Selon le principe du "ce qui est à toi est à moi", cet enfant depuis sa diversification ne cesse de lorgner vers mon assiette. Nous avons dernièrement atteint un nouveau pallier dans sa quête d'invasion de mon assiette puisque monsieur tente, avec plus ou moins de réussite selon mon temps de réaction, de piocher directement dedans (alors même que nous mangeons la même chose) et ensuite, certainement pris d'un remord, veut par un "juste" retour des choses partager avec moi son assiette. Il essaie donc tyranniquement à tous les repas de me coller dans la bouche une cuiller baveuse et gluante gorgée de sa nourriture. Nouveau commandement donc à la maison, à la suite des tu ne tueras point et autres tu ne voleras point, j'édicte le tu ne mangeras pas dans l'assiette des autres et le tu n'enfourneras pas ta propre pitance dans la bouche de ta mère !

Épilogue
Mes cher(e)s ami(e)s, rendez-vous dans 20 ans pour savoir si j'ai réussi de manière pérenne à faire passer leurs sales petites manies à mes deux rejetons et à leur père tant que j'y suis (ouaip, il paraît que audaces fortuna juvat. Les initiés trouveront que cette citation ne manque pas de sel).  Souhaitez-moi donc bonne chance dans cette quête !

Bon week-end à tous et à très vite ! 

9 commentaires:

  1. bon d’accord, je vais ranger mes chaussures dans l'entrée mais si tu pouvais ranger tes chaussettes à côté du lit, ainsi que les cotons démaquillants, les papiers de chocolat, les tickets de caisse, les livres, etc, ah non pas possible je suis en train de rêver, bises fola
    ton tcheri

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    1. Je ne m'abaisserais pas à te faire une liste de tes petites manies si "touchantes" le T'chéri, car je suis bien au-dessus de tout ça, cependant ne t'étonne pas si ton assiette ne se range plus comme par magie dans le lave-vaisselle par exemple ! La vengeance est un plat qui se mange froid, gnark gnark !

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  2. Tchéri: énorme! Fola, il ne faut pas que tu m'en veuilles, mais il a marqué un point! Je suis MDR.
    Biz,
    Ophé

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    1. Il en a marqué et je lui laisserais cette victoire même si franchement j'en aurais beaucoup à dire. Je pense à prendre en photo notre chambre pour voir quel coin est véritablement le plus bordélique, pas sûre qu'il y ait un grand gagnant mouarf ! Il parait que qui se ressemble s'assemble, c'est pas faux décidément ! Bisous miss

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  3. ;) excellent article, très agréable à lire en plus!
    ....et, évidemment, je me suis reconnue, et j'ai également reconnu à tour de rôle les 3 mâles qui vivent également avec moi ;)
    bonne nuit!

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  4. Merci ! Et puis surtout, je me sens moins seule d'un coup face à mes 3 hommes, je me sens moins en infériorité numérique héhé ! Et bonne nuit à toi aussi (c'est à nouveau de mise) !

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  5. Bon, je suis obligée de ramener ma fraise (***) de modeste anglophile!!! Miss Fola, je ne pense pas que tu sois 'maniac' qui est un faux-ami en anglais et veut dire 'dingue' ou si tu trouves une traduction par 'maniaque', c'est dans le sens de psychopathe. Dans ton cas (tout au moins, je l'espère!!!), c'est 'control freak'. Maintenant, si Fola est comme Dexter, les chaussures et les chaussettes sont promises à un triste avenir...! ;-D
    (***): ne se traduit pas par 'bring back my strawberry'

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  6. Héhé kty ! En fait, pour moi le "maniac" ne se rapportait pas à moi mais bien à mes hommes (parce qu'on peut dire bien des choses de moi mais maniaque, j'en suis bien loin, cf les récriminations du T'chéri dans un commentaire un peu plus haut). Finalement, on n'est pas si loin parce qu'il y a quelque chose de l'addiction dans leurs manies ! Faut voir dans quel état se met Deuz quand je refuse qu'il me colle sa cuiller dans la bouche. Je garde donc parce que le jeu de mot n'en est que plus rigolo, tiens.

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  7. Si, si j'avais bien déduit que personne n'était maniaque dans la famille ;-) mais il y en a une qui visiblement aurait bien aimé qu'une pincée de maniaquerie au niveau du rangement entre dans la maison!!!

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